Cette pierre de taille[1], ramenée on ne sait d’où, au vu de premières mesures à affiner, a une hauteur de 44 centimètres, une profondeur de 47 centimètres et une longueur de 68 centimètres.
Sur l’un de ses côtés, sont sculptées deux colombes en train de boire dans un bassin en forme de coupe. Quelle signification donner à cette œuvre ? Comment décrypter ce message des temps anciens ? Que dire de la colombe, cet oiseau mythique dont l’image et le symbole, à travers temps et espaces, ont fasciné les hommes ?
Déjà pour les Assyriens et les Babyloniens, elle était la représentation de la reine Sémiramis au moment de quitter la Terre. Dans la mythologie grecque, ce furent des colombes qui nourrirent le dieu des dieux, Zeus, le Jupiter romain. En outre, la colombe était l’oiseau favori de la déesse de l’Amour et de la Beauté, Aphrodite la grecque, la romaine Vénus. Elle était l’attribut de Saint Ambroise, l’homme par qui Saint Augustin est venu au christianisme. Pour les musulmans, la colombe est associée à l’un des miracles en Islam. Elle rappelle l’épisode de la toile d’araignée et du nid de colombe à l’entrée d’une grotte où Mahomet, traqué par ses ennemis, s’y était caché. Dénouement : ses poursuivants n’ont pas jugé utile de pénétrer dans la grotte. Aujourd’hui encore, les lâchers de colombes, en diverses occasions solennelles, sont programmés et appréciés. Son image toujours positive, a de toute époque et en tout lieu, occupé une place de choix dans la littérature, la chanson, la sculpture, la peinture…
Dans l’iconographie chrétienne, la colombe est identifiée à l’Esprit Saint, au Saint Esprit et par extension au Fils et au Père. Au même titre que les anges, les âmes ailées, le feu et l’eau, elle fait partie des signes surs lesquels on se fonde pour les interprétations bibliques… Symbolisant la pureté et les qualités requises pour recevoir la Communion, leurs images, sous diverses formes, sont très présentes dans les églises.
L’eau ferait penser à la croissance de la végétation, mais aussi par l’action du Saint Oiseau, au don de vies terrestre et éternelle.
La coupe évoquerait la source où se désaltérerait l’âme, le lieu où l’eau deviendrait sacramentelle pour donner et augmenter la grâce à l’occasion des baptêmes et des communions.
« En ce qui concerne la pierre aux deux colombes, il semble s’agir d’un chapiteau de pilastre ou de colonne. En général, il y en a plusieurs, car on trouve souvent des blocs de cette forme dans des basiliques chrétiennes. Le motif des deux colombes est très connu dans l’art chrétien, où il représente les chrétiens se désaltérant d’eau, représentant la parole de Dieu. La particularité réside ici dans la partie basse (lorsque le chapiteau est dans le bon sens) qui semble représenter deux « gâteaux à cornes » (on ne sait pas trop ce que c’est) très connus dans le culte de Saturne. Ceci mérite d’être vérifié de près, car on pourrait être là (je vous l’écris sous toute réserve) dans un cas de semi-syncrétisme : des offrandes caractéristiques d’un culte encore utilisées dans un autre culte qui le remplace. » [2]
Comment ces pierres de taille sont-elles arrivées là ? Proviennent-elles de Khamissa ? De Madaure ? De Tifech ? A quelles époques appartiennent-elles ? Romaine ? Byzantine ? Vandale ? Les pierres forment-t-elle, à l’origine, un seul ensemble ?
En attendant les réponses devant permettre de replacer cette œuvre d’art dans son contexte historique, une priorité : la mettre en un lieu plus sûr pour la protéger.
KHEMICI ABDERRAHMANE
abderkem@yahoo.fr
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[1] Rectification apportée par Nacéra Benseddik. « Il ne s’agit pas d’une pierre de taille mais d’un chapiteau de pilastre. Ce monument a été publié par Nacéra Benseddik, Au pays d’Augustin. Nouvelles traces du christianisme antique, Atti del XIX Convegno di Studio sull’Africa Romana, Sassari 2010, Rome 2012, p. 1109-1122. »
(2) JEAN PIERRE LAPORTE, Extrait, Email adressé à KHEMICI ABDERRAHMANE
KHEMICI ABDERRAHMANE
abderkem@yahoo.fr
Il ne s’agit pas d’une pierre de taille mais d’un chapiteau de pilastre. Ce monument a été publié par Nacéra Benseddik, Au pays d’Augustin. Nouvelles traces du christianisme antique, Atti del XIX Convegno di Studio sull’Africa Romana, Sassari 2010, Rome 2012, p. 1109-1122.