Rares sont les hôtels au monde qui avaient accueilli tant de stars de la plume tel que le Grand Hotel d’Orient de Souk Ahras. Ce petit hôtel du centre ville de Souk Ahras aujourd’hui presque à l’abandon avait vu passer entre sur ses mûrs les plus grands écrivains de notre du siècles passés.
Jules Verne, Gustave Flaubert, Arthur Rimbaud; Alphonse Daudet; Guy de Maupassant, André Gide, André Mandouze, Louis Massignon, Elbert Hubbard, Benjamin Gastineau, Louis Bertrand, Albert Camus, Lucien Jerphegnon, Georges Bernanos, Charles Peguy, Henri Rochefort, Ernest Jouin.
SOUK AHRAS, L’ÉGÉRIE DE JULES VERNE
Oui , Jules Verne, comme Flaubert, De Maupassant, Daudet et tant d’autres grandes figures de la littérature française , avait bel et bien vécu quelques jours à Souk Ahras. Il était venu de son Paris pour écrire son fameux livre Mirifiques aventures de Maitre Antifer. C’est aussi à Souk Ahras qu’il avait rencontré pour la première fois son admirateur Jules Ferry. La rencontre s’était faite au restaurent de l’Hôtel d’Orient le 10 ou 11 avril 1892.
Voici comment Jules Verne décrit si bien Souk Ahras et sa place Thagaste. Pages 467 à 470.
« » » Le pays était magnifique, surtout aux environs de Moughtars. Toutefois, personne n’en put rien voir par cette nuit très obscure, embrouillée de longues brumes. Il y avait lieu, d’ailleurs, d’être irrésistiblement subjugué par le besoin de sommeil, après quarante-trois heures d’un voyage si cahoté.
Le jour commençait à poindre, lorsque maître Antifer et ses compagnons arrivèrent à Soukharas, au bout d’un interminable lacet, jeté sur le flanc de la colline, qui relie la bourgade au thalweg de la vallée. Un confortable hôtel – l’Hôtel Thagaste – tout près de la place de ce nom, offrit bon accueil aux voyageurs éreintés. Cette fois, les trois heures qu’ils y passèrent ne leur parurent pas trop longues, et certainement, elles leur auraient paru trop courtes s’ils avaient voulu visiter cette pittoresque Soukharas.
Inutile d’ajouter que maître Antifer et le banquier Zambuco pestèrent contre le temps perdu à ce relais. Mais la voiture ne pouvait pas en repartir avant six heures du matin. « Calme-toi, répétait Gildas Trégomain à son irritable compatriote. Nous serons à Bône à temps pour prendre le train demain matin…–Et pourquoi, avec un peu plus de hâte, n’aurions-nous pas pris celui de ce soir ? riposta maître Antifer.– Il n’y en a pas, mon oncle, observa Juhel Qu’est-ce que cela fait !… Est-ce une raison pour rester en panne dans ce trou ?…– Tiens, mon ami, dit le gabarier, voici un caillou que j’ai ramassé à ton intention… Le tien doit être usé depuis que tu le mâchonnes ! ».
Et Gildas Trégomain remit à maître Antifer un joli gravier de la Medjerda, gros comme un pois vert, et qui ne tarda pas à grincer entre les dents du Malouin.Le gabarier lui proposa alors de les accompagner, seulement jusqu’à la grande place. Il refusa net, et, tirant de sa valise l’atlas, il l’ouvrit à la carte d’Afrique, et se plongea dans les eaux du golfe de Guinée, au risque d’y noyer sa raison.Gildas Trégomain et Juhel allèrent faire les cent pas sur la place Thagaste – vaste quadrilatère, planté de quelques arbres, bordé d’habitations d’aspect très oriental, de cafés déjà ouverts malgré l’heure matinale, et où affluaient les indigènes. Sous les premiers rayons du soleil…..« » »
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