Khamissa – cité antique, village agricole puis actuellement chef lieu de commune – se trouve à 32 kilomètres au Sud-Ouest de Souk Ahras et à 15 kilomètres au Nord-Est de Sedrata. Dans le site archéologique, les fouilles exécutées en 1877 puis de 1903 à 1905, dans cette cité de la tribu Numidae, ont permis d’exhumer (1) :
– une grande place : la Platea vetus (la vieille place) ;
– une autre place, le Forum novum (la nouvelle place) ;
– un théâtre ;
– des thermes ;
– un arc d’honneur et de triomphe ;
– des portes monumentales ;
– des rues ;
– une basilique judiciaire ;
– un exèdre ;
– des maisons ;
– des citernes ;
– un aqueduc ;
– des monuments funéraires avec de nombreuses épitaphes ;
– un nymphée ;
– une chapelle byzantine ;
– des temples ;
– un fortin byzantin ;
– des portiques ;
– des tables de mesure ;
– des statues de divinités et de notables.
Le nom antique de Khamissa est Thubursicu Numidarum. Signe distinctif des habitations numides et pour des raisons de défense, l’agglomération primitive occupait le sommet de la colline. Au cours des siècles, elle se développa vers le nord et le nord ouest pour former une ville de 65 hectares (2).
Thubursicu Numidarum, au plan stratégique, occupait une place de première importance : elle était située sur une route reliant le port d’Hippo Regius (près d’Annaba) à Theveste (Tebessa), camp de la légion d’Afrique (3).
D’après Stéphane Gsell, Thubursicu Numidarum fut peut être d’abord un castellum (bourg) dans la région de la tribu Numidae. Au cours des siècles, elle vit son statut administratif changer. Une inscription, de l’année 100, la mentionne comme civitas (commune) ; une autre, datée en 113, la désigne comme municipe. Le municipe fut érigé en colonie au troisième siècle, avant l’an 270, date de la troisième inscription la définissant comme telle
Toujours d’après Stéphane Gsell, les habitants de Thubursicu devaient être en général des agriculteurs. Ce fut à des divinités agricoles qu’ils adressaient leurs hommages. Saturnus, assimilé au Baal Hamon phénicien et à l’Amon libyen, était vénéré comme le Deus frugifer qui assurait la récolte. Liber Pater, assimilé au Bacchus romain et au Dionysos grec, était adoré comme le dieu de la vigne en particulier et de la végétation en général.
Les divinités de la triade capitoline (Jupiter, Junon et Minerve) avaient, comme dans toutes les cités sous domination romaine, une place de choix ; en témoigne le capitole élevé en leur honneur dans la vieille place.
Pendant l’ère chrétienne, notre ville participa aux luttes décisives ayant divisé l’église, opposant les Catholiques aux Donatistes, pendant plus de trois siècles. En 397-398, Saint Augustin visita deux fois la ville, pour examiner avec les évêques de la communauté de Donat, les moyens de mettre un terme au schisme (4).
Au plan culturel, ce fut à Thubursicu Numidarum que naquit un auteur dont l’ouvrage est célèbre (5). Il s’appelle Nonius Marcellus. Il a vécu soit au 3ème siècle, soit au 4ème. C’est un compilateur (personne qui compose un ouvrage à partir d’autres ouvrages). On l’appelle « Le péripatéticien de Thubursicu ».
Le site n’a pas encore livré tous ses secrets, les fouilles étant interrompues, une bonne partie de notre cité reste à découvrir.
KHEMICI ABDERRAHMANE
Email : abderkem@yahoo.fr
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(1) Stéphane Gsell, Khamissa, Mdaourouch, Announa
(2) Stéphane Gsell, Khamissa, Mdaourouch, Announa
(3) Stéphane Gsell, Khamissa, Mdaourouch, Announa
(4) Stéphane Gsell, Khamissa, Mdaourouch, Announa
(5) Stéphane Gsell, Khamissa, Mdaourouch, Announa