Les contraintes liées à la sécheresse endémique sévissant depuis plusieurs saisons dans la région de Sedrata, et probablement dans d’autres contrées, interpellent la banque BADR (La banque au service de l’agriculture). Sa stratégie de financement du secteur agricole est à l’opposé de l’intérêt du fellah.
Comment ?
A la fin de chaque saison agricole, la banque, quelle que soit la situation, exige le respect des échéanciers de paiement des dettes, conformément aux dates annoncées du crédit contracté.
Les fellahs n’ayant pas obtempéré à ce diktat se voient automatiquement exclus des crédits et aides pour achats de matériels agricoles : tracteur, moissonneuse-batteuse, ramasseuse-chargeuse, semoir et autres. Il n’est nullement pris en compte des difficultés et entraves auxquelles sont exposés les fellahs victimes du changement climatique, tout particulièrement la sécheresse, même si cette dernière est officiellement déclarée.
Étonnamment, la sécheresse et la faible pluviométrie, phénomènes naturels, ne sont pas pris en charge par les assurances qui couvrent seulement l’incendie et la grêle (autres phénomènes naturels). Le fellah, pris en porte-à-faux entre la banque et l’assurance, n’a aucune échappatoire, aucune issue. Il est appelé, seul, à supporter les conséquences majeures d’une baisse, jamais égalée, de pluviométrie.
La banque, dans une procédure sans âme, refusant de considérer cette donnée, abandonne l’agriculteur à son sort et participe avec l’aléa climatique à la ruine du fellah.
Le remboursement des dettes contractées dans le cadre des crédits se fait lors du processus de livraison de la semence à la coopérative des céréales et légumes secs (CCLS) et à la remise du chèque aux fellahs.
Pris en otage entre le CCLS et la BADR, l’agriculteur ne récupère qu’un montant déduit de la somme annuelle de remboursement échelonné de la dette et de la semence utilisée. Si la somme de remboursement est supérieure au montant du chèque de la récolte annuelle, le fellah n’obtient aucun sou de la banque.
Incroyable !!!!
La banque ne devrait-elle pas revoir son approche et adopter un remboursement lié à la récolte en rééchelonnant la dette ?
Il serait peut être temps de reconsidérer les procédures qui remettent en cause la survie d’un métier devenu problématique et inviter la banque et les assurances à partager les risques encourus par le fellah par la mise en place d’un système de rééchelonnement adapté aux périodes de sécheresse et de faible pluviométrie.
A suivre.