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Vue partielle des ruines en 2011 (Y. Montmessin).

L’antique ville de Sedrata à Ouargla menacée !

La ville antique de Sedrata, à une dizaine de  km au Sud-ouest de la ville d’Ouargla, est confrontée à une menace sur sa  valeur patrimoniale et historique, induite par des extensions aux alentours, qui risquent de hâter sa disparition, ont déploré les  responsables de l’association locale « Issedraten » (ancienne appellation de Sedrata).

Cette ville antique, remontant au 10ème siècle, est exposée à des  extensions effrénées de superficies agricoles et d’activités de services  empiétant dangereusement sur ses espaces, entraînant ainsi un  rétrécissement de la superficie du site archéologique protégé (4.152  hectares dont 769 ha classés) de Sedrata, classé patrimoine national  sauvegardé, a expliqué le vice-président de l’association, Mohamed Lakhdar Baba-Hamou (juillet 2017).

Les opérations d’extensions en cours, au détriment de ce repère  historique, sont allées au-delà de la zone protégée pour altérer  indifféremment les importantes caractéristiques archéologiques et historiques du site, a-t-il regretté.

Ces extensions, menées à titre individuel par des citoyens, constituent  une menace dénaturant ce legs ancestral de Sedrata, témoin du passage de  civilisations dans la région et requièrent, par conséquent, une  intervention « urgente » pour y mettre un terme.

Plusieurs mesures sont entreprises par les pouvoirs publics pour préserver  le site archéologique de Sedrata, à travers l’élaboration de plans  d’occupation du sol qui permettent une extension de la commune de Rouissat et son développent socioéconomique, sans porter atteinte au site de Sedrata, a assuré une source de la direction de la Culture de la wilaya. 

L’une des plus anciennes cités, en très grande partie ensevelie  aujourd’hui sous le sable, Sedrata a été érigée en 909 par les Rostomides fuyant de Tihert (actuelle Tiaret) et qui s’y sont installés sur une période de trois siècles et y ont fondé cette cité, tout près de l’ancienne Wardjelan (actuelle Ouargla), selon les données de la direction de la culture de la wilaya d’Ouargla.

 

« Sedrata se situe à environ quatorze kilomètres au sud de Ouargla, dans le Sahara algérien septentrional. Le site, en grande partie ensablé même si certains vestiges affleurent encore, s’étire sur plus de deux kilomètres de long sur six cents mètres de large. Ce périmètre fait partie d’une aire de peuplement plus vaste occupant le lit de l’oued Mya sur une étendue d’environ soixante kilomètres, fermée au nord par le qṣar de N’Goussa et la Sebkhet Safioune, et au sud par le relief tabulaire de la Gara Krima (à six kilomètres au sud de Sedrata). Sur cet espace s’étendait le « pays de Ouargla » dont les sources médiévales évoquent la prospérité, et dont les légendes rapportées par les explorateurs du XIXe siècle affirment qu’elle comptait une centaine de « villages ». La présence d’importantes ressources aquifères explique que cette oasis ait été jadis la plus grande palmeraie d’Algérie, et que la culture du blé y ait été pratiquée au XIIe siècle. Nœud fondamental du commerce transsaharien, la région aurait vu transiter l’or du « Soudan » jusqu’au XIIIe siècle avant de s’affirmer jusqu’à l’époque moderne comme une étape importante pour la traite des esclaves. »

 

Détail des décors du « palais » (Fondation Max Van Berchem, Genève)

 

Cette ville antique, dont aujourd’hui plusieurs des composantes sont  enfouies sous le sable, du fait d’aléas naturels, exceptés certains pans de  murailles et de piliers encore visibles, a connu durant trois siècles une  civilisation et un développement, dans divers domaines notamment  scientifiques et artistiques, perceptibles à travers les vestiges collectés  et des manuscrits témoignant encore de son âge d’or.

Selon le vice- président de l’association « Issedraten », le site, avec son  cimetière, requiert une intervention urgente pour le préserver, en plus de  la conjugaison des efforts de l’ensemble des acteurs pour lui redonner son  importance historique, et la recherche de moyens et mécanismes de sauvegarde de ce patrimoine séculaire.

Les vents qui balaient fréquemment la région ont largement contribué à  déterrer certains vestiges d’Issedraten, à l’instar de pans de la mosquée  et de la Mahkama (tribunal), a rappelé M. Baba-Hamou.

 

« L’an 909 qui vit la chute de Tihert (Tiaret) et la fuite des Ibâdites vers le Sud, ceux-ci ne trouvèrent pas —sur l’emplacement de Sédrata où ils se sont fixés—, le désert tel qu’il est souvent décrit, mais un établissement berbère antérieur. Leur rôle aurait été alors de donner à la ville une extension et une vie nouvelles. Sédrata Antique a connut aux Xe et XIe siècles une grande prospérité. La date de sa fin est incertaine. Un ancien manuscrit rapporté de Ouargla par H. Harry, en 1881, donne l’année 1274 de notre ère comme celle de sa destruction.   Chassés encore une fois de leur capitale, les Ibâdites se réfugièrent sur le plateau aride du M’Zab, plus facile à défendre et où ils sont restés. Une fois abandonnée par ses habitants, Sédrata fut rapidement reconquise par les sables. Mais les Ibâdites, dont la communauté est demeurée vivante, vénèrent encore aujourd’hui le souvenir de leur ancienne capitale. Chaque année, à la fin avril, ils s’y rendent en pèlerinage. Franchissant à dos d’âne ou à pied les hautes dunes de sable, ils vont s’agenouiller sur l’emplacement de leur mosquée primitive qu’ils ont marquée d’un tas de pierres. Puis ils vont, à 500 mètres de là, prier sur le tombeau de l’imam Yacoub. Et, bien que les tempêtes de sable fassent disparaitre d’une année à l’autre les points de repère qu’ils ont établis, ils retrouvent sans hésitation la place qui leur est devenue sacrée. C’est ainsi que, de père en fils et siècle après siècle, le souvenir de Sédrata s’est pieusement conservé. »

 

Par souci de valoriser le site, le même responsable a fait état  d’instructions données par le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi, lors  de sa dernière visite dans la wilaya, pour la reprise des fouilles archéologie et la mise au jour de ce site civilisationnel, en coordination  avec l’institut national d’archéologie (Alger).

Suspendues en 2006 après le décès de Ali Hamlaoui, dont la thèse de doctorat, soutenue à la Sorbonne (France), traitait justement de la ville  de Sedrata, les fouilles archéologiques menées en 1997 et confortant  d’autres études, ont contribué largement à la valorisation de l’important patrimoine culturel de cette cité antique et qui porte les traces d’une civilisation ancienne.

 

Tombes en timchent du cimetière de Sedrata. On aperçoit la « tombe » de l’imām Yaʻqūb au second plan. Source : https://maghribadite.hypotheses.org

 

La mise en valeur et de protection de la ville antique de Sedrata, qui entre dans le cadre de l’application des directives ministérielles  concerne la protection du patrimoine culturel sous la tutelle de spécialistes relevant du Centre national de recherche archéologique (CNRA), selon Farid Chentir. Une fois achevée, l’opération en question  permettra d’identifier et protéger les caractéristiques archéologiques et historiques du site des extensions, aux alentours, dont notamment des activités agricoles et des services.

Remontant au 10ème siècle, la ville de Sedrata (Isedraten en Tamazigh) a été fondée par les Rostomides fuyant de Tihert (actuelle Tiaret) et qui s’y sont installés sur une période de trois siècles, tout près de l’ancienne Wardjelan (actuelle ville d’Ouargla), selon des recherches historiques.

Fouillé par différents chercheurs étrangers et nationaux, entre 1878 et 1997, cette cité saharienne, dont une grande partie ensevelie aujourd’hui sous le sable, du fait d’aléas naturels, a connu une véritable civilisation, perceptible à travers plusieurs manuscrits, a fait savoir le chargé de communication de l’association locale « Issedraten », Mustapha  Babziz.

Les vestiges de Sedrata sont considérés aujourd’hui comme un lieu de mémoire pour les Idibates. Il s’agit d’un pèlerinage annuel (Ziara), qui se tient au printemps, regroupant des visiteurs du rite Ibadite d’Ouargla et Ghardaïa ainsi que  de nombreux invités.

La wilaya d’Ouargla compte actuellement plus de 50 sites archéologiques et monuments historiques, dont cinq (classés patrimoine national, à savoir, le site archéologique de Sedrata, le musée saharien (Ouargla), la mosquée de Béni-Djellab (Touggourt), ainsi que les vieux ksars de Ouargla et Témacine, selon les données de la direction locale de la culture de Ouargla.

 

APS  & synthèse internet

 

 

LECTURE : Sedrata, l’élaboration d’un lieu de mémoire
https://journals.openedition.org/remmm/7923

Association Issedraten
https://www.facebook.com/AssociationSedrata/
http://www.issedraten.org/

Nouvelles recherches sur Sedrata et le bassin de Ouargla à l’époque médiévale
https://maghribadite.hypotheses.org/282

Les stucs de Sedrata (Ouargla, Algérie)
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00804528/document

Fondation Max Van Berchem
https://maxvanberchem.org/fr/

 

https://www.youtube.com/watch?v=GpM_aA32cHk

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