Le 17 décembre 2017, L’artiste peintre et graveur ALI SILEM était à Kef Messiouer dans la région de Sedrata. Nous reproduisons ci-dessous une partie de ses propos pris sur le vif sur les gravures rupestres visibles sur les parois du site : LA SCÈNE DE CHASSE et LA SCÈNE DU BOVIDÉ ET DES AUTRUCHES à KEF MESSIOUER.
1 – L’artiste peintre ALI SILEM et la SCÈNE DE CHASSE de KEF MESSIOUER
« […] Je ne suis pas un spécialiste. Je parle en mon nom. Je n’ai aucune expertise. Ce que je dis, c’est beaucoup plus des sensations. Ce que cette scène évoque en moi. Je trouve que c’est un travail pictural sérieux et réel. »
« J’ai l’impression que c’est un tableau en bas relief qui nous montre une scène de chasse absolument extraordinaire. On peut interpréter cette scène de chasse. On peut dire, par exemple, que c’est une mère. C’est une lionne qui apprend à ces lionceaux la chasse. »
La lionne, photo : Abdelkader Abid
« Le sanglier qui est sacrifié, on le voit. On voit une oreille. On voit les poils. Les poils sont dessinés, visualisés. On voit son sabot bifide. »
Le sanglier, photo : Abdelkader Abid
« La lionne, on voit ses ongles qui maintiennent la proie au sol. Les lionceaux qui se mettent déjà à table et qui commencent à se nourrir. Et la lionne, debout, en train de regarder le spectateur, celui qui vient voir, pour le maintenir à l’écart de ce festin. Et donc, une manière de dire que c’est une mère qui […] apprend aux enfants, à ses petits, à chasser. Elle attrape la proie. Ils sont en train de se nourrir. Et elle, elle est là pour les protéger et pour maintenir tout étranger hors de la scène. Ҫa, c’est ce qu’on voit. »
Chacals et lionceaux, photo : Abdelkader Abid
« Maintenant, si je dois la voir selon les règles de la composition, il y a effectivement des choses assez étonnantes. La renaissance nous a appris les règles des rendus, de la perspective, etc.. Ce n’est pas une perspective, mais des effets de perspective. Ici, la perspective n’est pas de mise. Il n’y a pas de perspective. Cependant, je perçois une perspective mentale. Cette perspective mentale, c’est des effets de perspective. Par exemple, on voit un pied du sanglier ou du marcassin et on ne voit pas l’autre pied ; ça, c’est déjà un effet de perspective. Je vois les deux pieds de la lionne qui avance ; ça, c’est un effet de perspective. Et donc, au niveau du rendu de la troisième dimension, comme on dit dans le jargon des peintres, cette idée du cube scénique, il y a un effet de cube scénique. La lionne, c’est le point principal de vision de la toile. Il y a la chose qu’on voit en premier et il y a les choses qu’on voit en second. Ce qu’on voit en premier, c’est la lionne, avec ses moustaches, sa tête bien levée, son maintien, […] ses yeux qui nous regardent, qui nous maintiennent à distance. »
Vue panoramique de la région, à partir du site, photo : Abdelkader Abid
« […] Moi, dorénavant, quand je parlerai de la peinture algérienne, j’évoquerai sûrement cet ancêtre. »
« […] Je suis très ému. »
ALI SIlEM, troisième à partir de la droite, photo : Abdelkader Abid
2 – ALI SILEM et la SCÈNE DU BOVIDÉ ET DES AUTRUCHES à KEF MESSIOUER
Abri sous roche où est représentée la scène du bovidé et des autruches, photo : َABDELKADER ABID
« Je pense que l’abri était beaucoup plus sécurisé que cela. Il devait y avoir une couverture. C’était un abri sous roche. »
Scène du bovidé et des autruches, photo : َABDELKADER ABID
« La scène est de moindre importance, à mon avis, que ce que nous voyons là[1]. D’abord par la grandeur, c’est pas très grand. Le travail, effectivement, est un peu rudimentaire, mais la reconnaissance de l’animal est évidente. Quand tu vois la forme, la forme est bien rendue. Quand tu vois le cou de l’autruche, il est bien rendu. Les pieds sont bien rendus. L’attitude est bien rendue. »
ALI SILEM, quatrième à partir de la gauche ou de la droite, photo : Ould Oufroukh Menaouer
[1] là, renvoie au tableau représentant la scène de chasse