Il est de tradition de déplorer l’absence de catalogues exhaustifs dans nos musées. A Souk Ahras, au contraire, un catalogue cherche désespérément son musée ! Ce document que j’ai découvert dans les archives de l’Agence Nationale d’Archéologie (ex-Services des Antiquités), sans signature, a été établi entre 1945 et 1962 pour des objets provenant de Souk Ahras, Sidi Yousef, Ksiba, Taoura, Lambèse et même Carthage.
Inventaire du musée
03 Amphores.
06 Sculptures en marbre (statues, statuettes, fragments).
59 objets en céramique.
37 objets en bronze, fer, cuivre.
05 lots de briques, tuiles et fragments de conduite en terre cuite
11 objets en verre.
X stèles puniques ou anépigraphes, à représentations humaines ou symboliques
22 objet divers dont certain en ivoire.
257 monnaies numides et romaines dont trois en or.
66 lampes.
1965, le musée avait disparu. Où est passée cette collection ? Black-out administratif absolu. Il ne suffit pas à Souk Ahras d’avoir donnée saint Augustin car la destruction de son patrimoine archéologique, d’abot, avec résultat l’effacement quasi-total de son passé, et la disparition du musée, ensuite, restant navrantes. Lors d’une visite rapide, quelques semaines avant l’ouverture du colloque international « Augustin, Africanité, Universalité » qui s’est tenu en avril 2001 à Alger et Annaba, à la recherche des restes de la collection, nous avons bénéficié de l’aide bienveillante et active du président de l’APC et du Wali de Souk Ahras, ce qui nous a permis de demander le regroupement de l’ensemble lapidaire subsistant en un seul lieu sûr.
Le 06 avril 2001 les participants au colloque se sont rendus à Souk Ahras où ils ont pu apprécier la valeur des stèles et divers fragments architectoniques exposées en plein air, derrière le siège de l’APC, sous la protection du légendaire « Olivier de saint Augustin ». Les autorités locales ont alors promis que la plus ancienne école de Souk Ahras, qui devrait être désaffectée quelques mois plus tard, serait transformée en musée pour accueillir ces vestiges prestigieux. L’espoir ainsi renaissait de rendre son musée à cette collection sinistrée.
Souk Ahras n’est pas Carthage, ni Annaba. Elle n’a plus rien à offrir au touriste : ni forum, ni théâtre, ni thermes, aucun temple païen, aucune basilique chrétienne. Le musée promis, il y a trois ans maintenant, tarde à venir ! Pourtant, si nous réussissons à leur redonner vie, les modestes pierres éparses qui ont miraculeusement survécu, comme autant de flash de l’antique cité, nous paraissent les plus aptes à nourrir l’image et l’africanité d’Aurelieus Augustinus
Nacera BENSEDDIK
Extrait ouvrage Thagaste, Souk Ahras, Patrie de saint Augustin
INAS EDITION 2004
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NB : Malheureusement à l’heure de la publication de cet extrait (le 22 avril 2018) aucun musée n’a vu le jour dans la ville de Souk Ahras.