Avant la naissance de Jésus Christ, on comptait les printemps depuis la création de Rome, une fondation attribuée à Romulus en 753 ou 754 AV.JC. Ainsi, l’Avant et l’Après Jésus Christ forment l’élément qui délimite le temps plutôt une partie du temps. Autrement dit, ce chiffre 1 afférent à la première année de l’incarnation (Anno Domini) pour le monde chrétien.
Selon l’historien romain Titus Livius (Tite-live), elle correspond à l’an 1 + 753 = 754 ab Urbe condita, ou “754 depuis la fondation de Rome”. La numérotation des calendes romaines se transcrivait de la façon suivante : DCCLIV . AUC .
Or, la marche sur Suthul est intervenue dans le “quand” du calendrier romain, une marche fixée dans les alentours du 644 ou du 645 de l’ab urbe candita(AUC)“depuis la création de la ville”. Pour la situer, on fait juste une soustraction de 644 ou 645 de 754, ce qui nous donne soit 109 ou 110 avant la naissance du Christ.
Nous croyons donc et avec toute vraisemblance, qu’il s’agit de l’année 645 AUC ou 109 AV.JC en ce qui concerne l’attaque de Suthul la numide. C’est la date du trésor aussi, et c’est ce que nous allons résumer à la fin du blog en exposant les raisons.
En tout cas et en dépit de tout ce qui se dit, il reste important de souligner qu’en matière de calendrier, les Romains ont fait mieux que les Grecques, les Babyloniens et les Égyptiens. Les romains nous ont situés dans le temps, et c’est dans le sillage de leur héritage que Christophorus Clavius jésuite allemand, mathématicien et astronome, a mis en place notre calendrier actuel en 1579 appelé communément calendrier grégorien (Pape Grégoire XIII) .
En vérité, ce n’était pas le temps uniquement. L’Algérie comme la Tunisie, la Libye et le Maroc, faisait partie du Monde Latin, de sa civilisation et de son patrimoine. Faut-il préciser que pas moins de 195 Km séparent les côtes d’Annaba de la Sardaigne Italienne, alors que 120 km séparent celles de Klibia (Tunisie) de la Sicile.
Et revenons à ce mois de janvier de l’année 110 avant JC (?), la fameuse date que rattache l’ensemble des historiens à la marche du consul Postumius Albinus et son frère Aulus Postumius Albinus, sur la ville de Suthul à la recherche du trésor de Jugurtha.
Ici, nous avons une idée assez complète sur le climat en Algérie nord-orientale, nous permettant de repérer l’événement dans le temps, et surtout interpréter adroitement la datation à partir du Livre de Salluste et de sa mention d’un janvier rude.
C’est dire qu’il faut bien inférer pour situer tout cela dans la deuxième moitié d’un janvier … si on le couple avec un détail se rapportant aux chutes successives “des pluies” et la formation des marais. Salluste parle de: aquis = eaux en pluriel latin … probablement en forme dative !
Mais, tout compte fait, de quel janvier parlait Salluste ? La réponse ne saurait être considérée que dans le fait est que nous sommes guidés, en premier, par une donnée qui tend à dire que Jugurtha ne vivait guère dans le même calendrier que les Albinus les romains.
Notre ville libyco-berbère vivait son propre temps, le temps d’une cité royale devenue encore importante lorsque Massinisa le Massyle y avait tenu sa garnison en 203 av JC, délogeant par-là, son cousin Syphax le Massæssyle .
Constantine ne réapparaît sous les couleurs romaines qu’en 46 avant J.C, lors de la création de l’Africa Nova , c’est-à-dire 58 ans après la mort de Jugurtha et 64 ans après la marche sur Suthul.
Or, la date de 46 av JC marque aussi la victoire de Jules César contre les pompéiens à Soussa (Tunisie) et par voie de conséquence contre Juba 1er leur allié. Se sentant défait, le chef berbère fut contraint de se suicider dans sa capitale Zama (prés de Seliana Tunisie. 130 km de Soussa ).
L’année 46 av JC était aussi la date de l’introduction par Jules César du nouveau calendrier Julien, mettant ainsi fin au calendrier républicain qui datait de 405 av J.C. L’empereur Romain voulait unifier le temps entre les Libyco-berbères, les Egyptiens et Rome.
Utile de mentionner que les mois de janvier et février ne furent introduits dans le calendrier républicain qu’en 153 av JC. Avant cette date, Rome fonctionnait uniquement avec 10 mois, totalisant 304 jours; les 61 jours d’hiver ne faisaient partie d’aucun mois.
Ouvrons une parenthèse pour dire un mot sur Constantine le pays des Cirtéens.
“La tyrannie de l’ignorance de certains ostrogoths ayant mis l’université en capilotade, se spécialisent maintenant dans la clochardisation de l’histoire attelant Constantine à une origine ethnique arabe. Cette débilité historique doit prendre son congé définitif”.
En vérité, Constantine puise ses racines dans le Vase libyque de 3300 ans av.J.-C trouvé à Tiddis devenue romaine sous l’appellation de (Castellum Respublica Tidditanorum ), 22 km au nord ouest de Constantine .
Cette démonstration matérielle suffit, à elle seule, pour ruiner toute hérésie identitaire. Le Vase de Tiddis est plus ancien que l’origine arabe de quelques 1500 ans et même avant l’apparition supposée des Phéniciens en 2300 av. J.-C.
Et si on veut sortir l’artillerie lourde, nous pouvons aller facilement au Djebel Mazela, à la commune Bounouara (Constantine) pour démontrer une existence puisant ses racines dans un proto-historisme mégalithique de 8000 ans Av.JC …et sans conteste.
Enfin, Constantine fondée capitale de l’Africa Nova, avait pris en 46 av. JC l’appellation de COLONIA CIRTA SITTIANORUM. En 26 av. JC, la ville fût rebaptisée en COLONIA JULIA JUVENALIS HONORIS ET VIRTITUS CIRTA et enfin en 313 après JC, l’empereur Constantin la restaura et changea son nom qui devînt : CIVITAS CONSTANTINA CIRTENSIUM.
Année 110 av. JC ou année 109 av. JC ?
Il est possible que Jugurtha (né à Cirta en 160 av. JC) semblait vivre dans un calendrier grecque ou intercalaire punique ou autre calendrier libyque. Ce dernier nous ramène, vraisemblablement, au saisonnier, celui du solstice de l’hiver et de l’équinoxe de l’été.
Y avait-il un calendrier chez les berbères des Garamantes inventeurs des chars (Germa au sud de la Libye) ? Possible … ou chez les mashaousha de Shishnak, codifiés en LBY ou Libou ? Possible … celui que nous héritons aujourd’hui ? Possible … En tout cas, il s’agit d’un autre exercice périlleux dans lequel il faut s’y engouffrer avec précaution …
A suivre, 3e partie …
Larbi Zouaimia
Universitaire, blogger, analyste