« Esprits de mon village… Sedrata: mais au fait… allons y voir » est un voyage captivant à travers les souvenirs d’enfance de l’auteur, Ammar Chouabnia, dans un village des hautes pleines en Algérie. Dans ce livre de 112 pages édité par « La Symphonie » à Beyrouth en 2013, avec la contribution de Dar el Wissem el-Arabi, Chouabnia tisse une trame émouvante où se mêlent des moments de bonheur et de tristesse. Ses récits nous transportent dans les rues animées, les champs verdoyants? les montagnes majestueuses de son village, les traditions agricoles de son village, depuis les labours jusqu’aux moissons, en passant par les soirées de partage et de récits autour du feu? nous permettant de découvrir la beauté et la richesse de la vie quotidienne dans cette région. Avec une prose captivante, l’auteur partage ses souvenirs les plus précieux, nous invitant à plonger dans l’atmosphère chaleureuse et nostalgique de son enfance dans ce village algérien.
« Tout ce monde encore présent, pourtant visible semble être ignoré par d’autres, par ceux qui parlent leur langage. Dans la rue d’hier, les pierres aussi parlent leur langage, celui-là d’ailleurs je le comprends avec énormément d’émotion tant qu’il ne parle qu’à moi seul d’abord…et ensuite aux autres. Vous me parlez de libellules bleues se mirant sur le vert de mon ruisseau, j’allais les voir après ma classe pour disserter et partager non pas mon impression, mais mes sentiments.
A l’épicerai, le bonheur était également là, seulement avec moi et m’embaumait, de cet arôme mélangé de cultures aussi variées que les quatre saisons de mon pays encore occupé !
Lorsque dans l’autocar qui nous emmenait à la campagne pour la fête d’une cousine, la route bien bitumée et sinueuse mettait en relief ce merveilleux décor de la nature qui gâtait tout le monde offrant tous ses caprices surtout à moi qui en cherchait encore, je fermais mes yeux de temps à autre pour mémoriser cette splendeur et implorais Dieu de la préserver d’avantage.
La nuit venue, ma curiosité était aussi grande que cette multitude de bruits, de pas s’enchevêtrant aux voix, aux youyous lointains, aux aboiements des chiens…et des renards qui se risquaient aux alentours du village que l’obscurité enveloppait inexorablement. Le matin par sa rosée et sa fraîcheur, lui, ne nous oubliait pas : R’fis et lait écaillé venaient égailler le début d’une immense journée, qui, elle non plus, par sa splendeur semblait être un défi par ces temps difficiles. »
A l’école coranique
« La laine brulée et broyée, cette poudre rôtie qui additionnée à de l’eau, produisait une encre noire conservée dans un flacon de fortune (encrier), nous permettait de nous initier et d’écrire les premières lettres arabes. Les cours sont dispensés tous niveaux et âges confondus, par un dignitaire souvent bien connu : le Taleb (homme de connaissances). Généralement, le local servant de salle de classe, sur lequel un à deux tapis d’Alfa était étendus, en guise de bancs, nous permettait de nous asseoir en « tailleur », dans le groupe qui correspondait à notre niveau, et, selon le nombre de lettres connues ou de versets appris. L’année scolaire à cet enseignement, se situe aux périodes de vacances de l’école publique, notamment celles de l’été. En revenant aux méthodes et programmes de l’apprentissage, ils consistaient à l’assiduité, la concentration aux répétitions orales données par le maître, l’écriture, ou essais d’écriture sur la planche à l’aide d’une plume taillée dans un bout de roseau et trempée à l’encre de laine, qui serai éventuellement corrigée, et additionnée à d’autres exploits, qui après satisfaction, seront effacés (lavés) à l’aide d’une pierre séchée de : (terre glaise trempée dans de l’eau, ce qui permettra de passer à la suite des cours).
Dans un tumulte de récitations d’interpellations, de corrections, puisque chaque élève pouvait poser une question, alors que d’autres récitaient, les réponses fusaient à ceux qui auront la chance de se faire valoir. L’avantage était multiple et l’essentiel, par le regroupement durant les chaleurs, dans un endroit où quant même, le minimum de savoir était garanti.
Le frottement à ses repères religieux, et de là étant, l’amélioration les comportements, car les flagellations (corrections par les pieds) vous guetterons, mais seulement, lorsque le besoin se sentira.
Combien cette société, se tenait en parallèle, à d’autres civilisations à la protection de ses valeurs, à l’entretien de ses repères, enfin la conservation nationale et identitaire, malgré toutes les limites et contraintes, à certains agréments culturels. »
Depuis mon village
« Là, à cette époque de notre temps, des éclaircies semblent être salutaire, mais nous persistons à le redire d’autres générations en jouiraient, si elles se libéraient d’ores et déjà de mauvais souvenir dirai-je, car les conditions dans lesquelles tout était décidé, ne peuvent que motiver d’avantage la gouvernance, qui se retrouvant en rupture de force dirigeante accorderait l’ouïe décidément. Quelle aubaine nous aurions à le savoir, puisque les aspirations légitimes ne seraient jamais assez réelles et reconnues, et si encore d’autres volontés dissiperaient cette opacité, qui nous a tant attardé à passer à la page suivante de notre carnet de route.
Ceux qui n’ont pas compté avec l’histoire nous voient sortit de ce tunnel, où douleurs, déchirements, disparitions nous rappellent à quel point, nous étions enviés, pour nos origines et identité, qu’on a toujours tenté de nous arracher, et que nous avons malgré tout payé de très fort et à quel prix ! Nous sommes un peuple dont les secrets sont multiples à tel point que les plus avertis ont reconnu finalement la grandeur et la fierté de ce pays, réservant même tant de surprises à ceux-là même qui se sont, à maintes reprises, détournés de la grande vérité.
Dans telle ou telle confusion, il ya toujours une décantation, séparant mauvaises humeurs, défaitisme, optimisme et…pessimiste, quels partisans sont t-ils ?
Osant apparenter cette tendance tribale et de mentalités dépassés, à ce peuple, qui ne connait qu’une seule identité dans un seul contenu, qu’ils regardent un peu ce qui suit : Ouled Neil, Ouled Derradj, Les soufis, Chaouias et Kabyles, les Touaregs Chleuhs et autres noblesses assimilées, sillonnant ces grands parcours steppiques, rocheux, boisés et fertiles, ces étendus de sable, aux oasis féeriques, couvrant au dévoilant d’immenses trésors, ne mettent ils pas assez de cloches et harmonie d’hymnes et de tricolores couleurs, chantant une seule : Patrie »
Moisson Battage
Elles sont venues après les labours, dont charrue en bois tirée par des bœufs, fendait la terre tendre de l’automne, traçant de ces sillons tièdes et humides, comme pour contribuer à ce labeur qui sera évalué, le soir à la tombée des premières gelées, qui l’âtre flamboyant défiait, les grosses bûches craquantes et crépitantes réconfortaient ses cœurs purs et sincères, qui n’hésitant jamais à transformer en bonheur, ou puisque ce grand couscous viendra à bout de cette fatigue déjà oubliée par cet ensemble de reflets.
Graine traditionnellement sélectionnées, feront rêver d’une abondante récolte, et prêteront débats, sur les épopées des anciens, qui cette bonne terre à tous les temps nourris, puis contes, devinettes, rires et petites histoires sous la lampe à pétrole, dont la flamme vacillait, et, l’ombre du sommeil s’annonçait à ces vaillant corps qui sur leurs lits (paillassons de alpha recouverts de tapis) s’allongerait se couvrant d’énormes étoffes de laines à rayures colorées, dont les dernières braises illuminaient.
Et revenant à mon récit, je voudrais cette foi-ci, reprendre ce chemin d’enfant, tonitruant et sincère, parler de produits de notre pays, ah ! cette culture, cette solidarité, qui lors des moissons, ces rencontres d’hommes au travail, défiant les vents et les chaleurs , de leur bois faisaient scintiler les premières gaines de blés, alors que d’autre gonflaient les meules d’épis à battre sur l’aire légèrement arrosée de…bonheur, tout sentait bon !
Et de maison en maison de ferme en ferme, la saison tirant à sa fin, alors là ! on meit de côté la part des pauvres, connus et nommés dans la région, on engrange les semences et les provisions pour l’hiver, et enfin la livraison au marché, une logistique simple, la clôture s’annonce par de grandes soirées d’offrandes, de récits de contes religieux, priant dieu à bénir leurs biens, leurs familles et toute l’humanité, n’est ce pas vrai…allez !
Le lendemain, quel reveil que celui fait par le bêlement des brebis et de leurs agneaux, lorsque tante Hafsia, faisait la traite dans la cour servant à rassembler le troupeau désiré, pour le relâcher par la suite, nous promettant ce lait frais accompagné de toutes les caresses, saveurs arômes , toute une mélodie, quoi ! »
Extrait : Esprit de mon village : SEDRATA, Mais au Fait allons y voir par Ammar CHOUABNIA
Edition Symphonie – El wissam Al Arabi
J’ai tellement savoure cet article Merci Monsieur Amar et j’espere que vous allez bien encor une fois merci
Merci.je.suis.natif.de.sedrata.que.j’ai.quite.depuis1973.en.lisabs.cet.extrais.vous.avez.remuer.des.souvenirs..par.nostalgie..j’ai.envie.de.revoir.les.amis.d’enfance.pour.eteidre.ce.feux.qui.existe.en.moi
J’ai savouré ce texte » Katebien » de mon ami Ammar Chouabnia . Bravo l’artiste et l’esprit de mon village existe , je l’ai vécu et le voici magistrallement exprimé par un enfant du village .
On en veut encore !
Ammar à ta plume … sergent major bien entendu !