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SEDRATA, OUED EL AÂR, LA CITADELLE DU MONT SIDI YAHIA

A 15 kilomètres au Nord de Sedrata, au douar Oued El Aâr, dans la commune de Aïn Soltane, au sommet du mont Sidi Yahia, se dresse une citadelle d’époque romaine.

 Il s’agit d’une fortification bâtie en pierres de taille. Il subsiste encore, enfouies sous terre, trois salles communicantes entre elles et de mêmes dimensions : approximativement, 4 mètres de longueur, 3 de largeur et 2 de hauteur. Deux d’entre elles, ayant des ouvertures de 1 mètre environ, permettent le passage de la première salle à la deuxième et de cette dernière à la troisième.   Au moment de notre visite au lieu, nous n’avons pu accéder aux salles décrites ci-dessus suite à l’effondrement d’une partie de l’édifice obstruant de ce fait l’entrée.

 Ce site archéologique, place forte dans le passé, offrant la possibilité de surveiller toute la zone est devenu le lieu de prédilection d’un ermite du nom de Sidi Yahia.

 Sidi Yahia est le frère cadet de Sidi Afif, un marabout et chef spirituel de la tribu des Aouamria établie dans les monts de Hlia du côté de Guelma. 

Ce dernier s’est installé sur un endroit surélevé, au bord de la route entre Aïn Soltane et Aïn Larbi. A cet endroit, pour pérenniser son souvenir et tirer avantage de sa baraka, on y a bâti un mausolée. Et là, chaque année, au mois d’août, une fois les moissons terminées, les Aouamria, selon des témoignages d’habitants de la région, entre les années 1930 et 1950,  organisent annuellement une solennité, sorte de fête célébrée avec pompe, en arabe « Zerda ». 

 Pour cela, ils font le déplacement qui à pied, qui à cheval, qui à dos d’âne ou de mulet et ce du mont Hlia au mausolée. Participent à l’événement, hommes femmes et enfants. Ils ramènent avec eux les tentes, la nourriture et les ustensiles de cuisine.

 Avant d’arriver au mausolée, ils s’arrêtent, conformément à la recommandation et au vœu de Sidi Afif, à l’endroit où, en ermite, vit Sidi Yahia, son frère. « Avant de venir me voir, passez par mon frère. », leur a-t-il prescrit.

 Chaque fin de mois d’août, les Aouamria dressent leurs tentes au mont Sidi Yahia. Ils y passent la nuit. Ils préparent du couscous qu’on consomme avec du lait et du sucre. La tradition veut qu’on mange avec les mains sans utilisation des cuillères.

 Les habitants de la région sont invités à cette solennité. Après la restauration, vient l’heure des réjouissances. C’est au rythme du bendir, sorte de tambour, et de la gasba, un genre de flûte, que des danseurs vont assurer le spectacle en passant progressivement d’un état naturel à un état d’exaltation extrême, une transe par laquelle il est dit qu’il s’agit d’une communication avec les esprits. L’apparat dure toute la nuit.

 Et c’est ainsi que des années durant, l’endroit a fini par devenir une « Mzara », un lieu de prédilection de la tribu des Aouamria.

 Ce genre de manifestation a duré jusqu’au début de la guerre de libération, en 1954. Mal vu, par l’Association des Ouléma et leurs représentants locaux, en particulier les cheikhs Belgacem Loudjani et Lounis Khaled, il a été interdit par le FLN-ALN.

 Ce qui est décrit ci-dessus est basé sur des témoignages d’habitants des lieux.

 Pourtant, dans une publication de la Revue des Tradition Populaires, 11ème année, tome XI, n° 6, juin 1896, les ruines d’une superficie approximative de un hectare et demi se trouvant sous terre comprennent « 9 compartiments de 6 mètres de long sur un mètre quatre-vingt centimètres de large et soixante-dix centimètre de haut et recouverts de grosses dalles en pierre dont deux sont percées de trous circulaires pouvant donner passage à un homme. »

 La publication ajoute que «  Les compartiments communiquent entre eux par une ouverture demi-circulaire située à la base de chaque muraille séparative. »

 Quant à la légende se rapportant au site, l’écrit dit : « les indigènes racontent qu’un certain marabout nommé Sidi Yahia-ben-Affif, très vénéré, s’étant aventuré dans les compartiments précités, s’avança très loin sous le sol et ne pouvant retrouver son chemin, y mourut.[…] Dieu l’avait enlevé au ciel ! »

 Depuis 1896 , à notre connaissance, aucune autre étude n’a concerné ce site, lieu d’histoire et de légende.

 Khemici Abderrahmane

kemabder@yahoo.fr

 

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